Ma journée sur le chemin
Almeida - Pinhel 24 km
Incroyable ce que ce chemin nous a apporter aujourd’hui !!! Mais revenons à ce matin.
Décalage d’une heure avec la France. Le soleil se lève plutôt, du coup nous aussi. Après avoir déjeunés dans la chambre, nous partons et nous arrêtons boire un café. Le patron parle français. Il nous explique que 20 % de la population ici parle français parce qu’ils sont allés travailler en France et sont revenus pour la retraite dans leur pays. En quittant le village, le camino est bien fléché et ce jusqu’a Pinhel. Changement radical du paysages ici puisque maintenant les oliviers réapparaissent. Fini le chemin constamment bordé de fils barbelés et de clôtures pour les parcs à bestiaux. C’est un univers très minéral avec de gros blocs de granit et des buissons de petites tailles qui couvre les collines que nous traversons. Parfois le chemin est constitué de tout petits pavés mais le plus impressionnant ce sont les petits villages qui sont entièrement pavés. C’est un peu casse-pattes mais c’est assez original et très beau je trouve. Quelques vieux pont nous permettent de traverser les ruisseaux et nous arrivons à ValVerde
Ah ValeVerde !!!
On cherche le café, il est fermé définitivement, la Covid l’a tué !
Reste le supermercado. C’est en français que le patron nous reçoit. Il explique qu’il a du fermer son café mais propose à Meije de le réouvrir pour qu’elle aille se changer aux toilettes.
Arrivent deux femmes dont Lilia.
80 ans toujours alerte, ancienne « parisienne » elle est revenue au pays pour la retraite tout comme la deuxième dame qui l’accompagne, elle travaillait au Cesta a Bordeaux.
Et de nous expliquer leurs vies et le retour dans ce village de personnes âgées. En fait elles étaient toutes contentes de tailler la bavette en français.
Nous rentrons dans le magasin pour quelques emplettes et je dis à Lilia que j’aime bien la morue.
Que n’ai je pas dis !
-Viens, prends ça, c’est congelé mais c’est pas salé, tu fais ça ce soir !
Elle m’explique comment faire, va chercher un oignon demande au patron de l’ail. Le patron revient avec trois verres et une vieille bouteille de Porto.
-Non merci je ne bois pas!
-Meije tu bois toi ?
-Oui je veux bien goûter
Le patron ne veut pas que je paie oignon, ail et deux mandarines que j’avais pris.
En repartant, Lilia nous indique un endroit pour manger, en fait sa terrasse avec table et chaises histoire d’être tranquille pour écouter Macron parler !
Et puis elle nous appelle pour un café… on est reparti non sans une grosse étreinte de Meije avec elle.
Cette femme était heureuse de nous voir mais on sentait une certaine nostalgie de la France dans ses discussions ….
On ne fait pas 100m, deux hommes discutent, on les salut et on entend :
-Bon chemin !
-Ah merci c’est gentil vous parlez français ?
-Oui j’étais chauffeur de bus quelques années en France.
-Vous prendrez bien un petit Porto ?
Comme ça, sur le trottoir alors qu’on passait …
-Non merci c’est gentil. Papa ne boit pas et moi je viens d’en boire un au supermercado, je vais marcher de travers sinon.
Nous sommes surpris par tant d’attention à notre égard.
Mais le plus beau reste à venir !
Quelques km plus loin le village de O Pereiro
Ah le village de O Pereiro !
On passe devant le bar de Juliette et naturellement nous nous arrêtons. Qu’avons nous pas fait là !
-Ah des français comment ça va ? Qu’est ce que vous buvez, c’est moi qui offre je suis chez moi ici c’est moi qui commande nous dit elle avec un sourire qui illumine son visage
Un petit bout de femme qui nous explique sa vie comme concierge dans de grands immeubles parisiens etc… son retour au pays, son bar, son épicerie, ses galères etc…
Une bien pauvre épicerie d’ailleurs car il n’y plus personne du village mais qui a le mérite de dépanner les quelques anciens (4) qui viennent boire leur canon.
On a papoté une heure avec Juliette, ne tarissant pas d’éloge envers Meije.
Elle reçoit tous les pèlerins faisant une soupe qu’elle offre lors de la belle saison lorsqu’il y a plus de passage.
-Vous êtes les premiers cette année me dit elle.
Il a été impossible de refuser les deux petites bouteilles d’eau, les deux parts de gâteaux, les deux paquets de croissants chocolats et le paquet de dragées pour la route en plus du café et du jus de fruit que nous avons bu. Impossible de refuser et de payer elle aurai été vexée !!!
-Comment faites vous Juliette pour vivre avec temps de bonté bienveillance et générosité ?
-On est comme ça nous les portugais m’a t’elle répondu avec un grand sourire et des yeux pétillants. On n’est pas riche mais on est comme ça !
-Quand vous arriverez à Compostelle, faites une prière pour moi me dit elle en riant aux éclats…
Elle a tenu à nous accompagner à la sortie du village et nous faire un gros câlin, une grosse étreinte…. Puis elle est retournée à son café désert et nous …. Nous nous sommes mis à pleurer tous les deux en quittant ce village, petit village aux rues pavées si désertes.
On a rejoint Pinhel et l’hôtel Skylab que j’avais réservé et dont Juliette nous avait dit que c’était bien que l’on pouvait venir de sa part.
Nous avons pris une chambre avec petit déjeuner…. 40 euros.
Demain plus de 30 km, rien prévu. On part quant on part et si je trouve un coin sympa, je plante la tente.
Ce soir, une ampoule sur le petit doigt de pied droit qui ne m’a jamais embêté depuis plus de 1000 km. Je venais de mettre ce matin pour la première fois depuis mon départ, une super paire de chaussettes de grandes marques sportive au prix élevé !!!
Erreur fatale Gilles.
Sur mon téléphone, la bande annonce du film « les chemins noirs » … et moi qui me plains d’une ampoule !!!!!